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Sexisme dans l’audiovisuel et le numérique : le Haut Conseil à l’Egalité appelle à un renforcement du rôle du CSA

Sexisme dans l’audiovisuel et le numérique : le Haut Conseil à l’Egalité appelle à un renforcement du rôle du CSA
La part des femmes à la télévision est de 42% en 2019 et n’est plus que de 29% aux heures de grande écoute (21h-23h), selon le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) qui vient de publier le deuxième état des lieux du sexisme en France. Il ressort également que le taux global de présentatrices et/ou animatrices à la télévision est le plus élevé, à 47%, alors que le pourcentage de journalistes et/ou chroniqueuses à la télévision est de 38%.
Le pourcentage de femmes parmi les invité.es politiques à la télévision est de 27%. Par ailleurs, le temps de parole des femmes est encore largement inégal : alors que les femmes représentent 42% des personnes à la télévision, leur taux de parole est de 32,7%. Concernant leur image, les femmes doivent, avant tout, être agréables à regarder. Elles sont davantage caractérisées par leur apparence physique, leur âge et leur situation familiale que les hommes. Sans oublier que les femmes perçues comme non blanches sont très minoritaires et les femmes en situation de handicap sont absentes.
Autre situation qui inquiète le HCE, le cas des femmes réalisatrices à la télévision : 18% des fictions sont coréalisées par une femme, 8% réalisées uniquement par une femme et 88% des créateurs et créatrices de séries sont des hommes. Suite à ces analyses, le HCE recommande d‘inscrire «dans le cahier des charges du Service public un objectif de femmes réalisatrices et de femmes dans les métiers techniques de l’audiovisuel, de l’ordre de 30% en 2022 puis 40% d’ici 5 ans.»
Le HCE a également étudié trois émissions de télé-réalité et souligne qu’elles valorisent d’un côté «l’hyperféminité» des candidates et de l’autre «l’ultra-masculinité» des candidats. En découle une vision des rapports entre femmes et hommes stéréotypée et inégalitaire, sans oublier que les femmes y sont généralement dénigrées et les injures sexistes fréquentes. Le HCE recommande de «faire signer à toutes les chaînes qui produisent des émissions de téléréalité une charte d’engagement à avoir des réponses de bon niveau au regard des indicateurs de la grille du CSA».
Pour limiter le sexisme dans le secteur de l’audiovisuel, le HCE souligne qu’il faut davantage de contraintes légales et recommande d’inscrire «dans le projet de loi sur l’audiovisuel un renforcement du rôle du CSA en matière de lutte contre le sexisme dans les programmes audiovisuels en veillant à ce que la loi impose désormais à chaque chaîne de progresser annuellement, d’une part sur la présence des femmes à l’antenne par type de vecteur et d’heure d’audience (journalistes, expertes etc.), d’autre part sur la diminution des stéréotypes dans leur programme (fiction mais surtout divertissement, notamment la téléréalité)».
Plus largement, le HCE souhaite «demander une étude du gouvernement au Parlement, tous les cinq ans, sur le rôle et l’image des femmes dans l’audiovisuel (TV, radios) et le numérique et élargir cette analyse au secteur de la presse écrite.»
Concernant le secteur du numérique et après avoir analysé plusieurs clips musicaux, le HCE recommande d‘inscrire «dans la loi audiovisuel une régulation des contenus sur les plateformes numériques, en insérant dans l’article 63 du projet de loi sur l’audiovisuel qui modifie l’article 15 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 au 5ème alinéa à la suite : «il s’assure également que les programmes mis à disposition du public ne contiennent aucun propos ou images dégradants ou discriminatoires envers les femmes, et qu’ils véhiculent une image non stéréotypée des femmes, dépourvue de préjugés sexistes». Il souhaite aussi «conditionner les financements publics des clips musicaux au respect de la dignité et de l’image des femmes et, plus largement, jeux vidéos, création numérique, cinéma d’animation» et «compléter la proposition de loi Avia pour que les séquences comportant des propos ou images dégradant.es des femmes soient retirées des réseaux sociaux dans un délai adéquat».
Outre les médias, cet état des lieux du sexisme en France a également analysé le monde du travail et le milieu politique.

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